Lucien LESEIGNEUR, prince des élatérides

Une histoire de passion et d’amitié

« C’était mon ami, quelqu’un d’une extrême gentillesse, très attachant, toujours à l’écoute, très aimable avec tout le monde » nous confie Jean-Louis OLLAGNON. Et si l’entomologie, c’était d’abord cela : une histoire de passion et d’amitié ? Une passion pour les insectes en quelque sorte transmissible par voie amicale. Une passion, mais aussi une longue patience pour acquérir sur les épaules de nos prédécesseurs les éléments de connaissance des insectes. Passion, patience mais aussi intelligence, car il en faut pour observer, déterminer, classer, comprendre et transmettre aux autres. Lucien LESEIGNEUR était donc tout à la fois : une pointure dans son domaine de compétences et un entomologiste qui faisait partager aux autres sa passion et ses découvertes : un passeur d’insectes.

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Le prince des élatérides

 

 

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Prince, Lucien l’était par sa stature longiligne, son œil perçant, sa hauteur de vue et son intelligence bienveillante. Prince des Elatérides, parce que son livre sur cette famille de coléoptères, appelés aussi taupins, fait encore référence. Il est le seul ouvrage d’ensemble disponible en langue française sur cette famille. Paru en février 1972 et édité par la Société linnéenne de Lyon, l’avant-propos de Lucien LESEIGNEUR nous indique la nature de son intérêt : « Les Elatérides sont des insectes particulièrement attachants, tant par leur comportement, qui ne manque pas d’intriguer les plus indifférents, que par leur forme élancée ou leurs couleurs, si belles parfois chez les exotiques. La variété des milieux dans lesquels il faut les rechercher est, pour l’entomologiste, un attrait supplémentaire. Mais leur étude est difficile, rebutante souvent ». Quiconque s'étant un jour penché avec perplexité sur un Élatéridé, dans la nature ou sous sa binoculaire, comprendra cette difficulté…

Retour sur une vocation d’entomologiste amateur

Son intérêt pour les insectes commence dès l’âge de 5 ans. En 1933, ses grands-parents maternels sont gardiens dans une grande propriété, à Viroflay près de Paris. Il s’y rend très souvent et y commence une collection de lépidoptères sous l’impulsion de son père. Celui-ci lui achète un filet à papillon et, le premier jour, il capture un « blanc », un « jaune » et un « petit bleu ». Son père, très attentif à son éducation, s’enquiert de la suite à donner et lui procure, en même temps qu’un filet, un étaloir, des épingles et une boite de collection.

Sa boite de collection se remplit doucement jusqu’en 1939, déclaration de la guerre. De 1939 à 1940, sa mère le place à la campagne, à Nogent-le-Roi en Eure-et-Loir, dans une famille disposant d’un grand potager dont le fils ainé lui fait découvrir les Doryphores, les Carabes dorés, des punaises et, dans un grand trou d’eau qui sert pour l’arrosage, les Ranatres, Nèpes et Notonectes...

Son père ayant été fait prisonnier en 1940, sa mère, sa tante, sa grand-mère paternelle et lui, fuyant les troupes allemandes, sont reçus quelque temps chez des cousins à Lapouleille, petit village près d’Agen, qui ont accepté de les accueillir. Mais pas question d’abandonner ses papillons aux envahisseurs, il y emporte sa boite. Jusqu’en 1943, pendant la guerre et l’occupation allemande, il vit à la campagne avec sa mère à Nogent-le-Roi où il continue à observer les insectes.

 

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Des rencontres d’entomologistes

De 1943 à 1945, il retourne à Paris pour apprendre un métier dans un collège technique : ajusteur en première année, puis tourneur en seconde. L’entomologie est quelque peu en sommeil. Mais il a pour camarade un garçon passionné de géologie. Ils décident avec d’autres amis de faire un « camping scientifique » en forêt de Fontainebleau, l’un pour les minéraux et lui pour les insectes. Il abandonne alors les papillons pour les coléoptères.

En 1945, la vie redevient normale. Il visite les galeries du Muséum National d’Histoire Naturelle. Il est émerveillé. Il y rencontre Guy COLAS, responsable du département coléoptères au Muséum, qui lui indique l’existence d’une association d’entomologistes qui se réunissent deux fois par mois dans un petit amphithéâtre du Muséum, rue de Buffon : le groupe des Coléoptéristes de la Seine qui deviendra plus tard l’ACOREP (Association des COléoptéristes de la REgion Parisienne). Lucien en sera le secrétaire de 1955 à 1958, jusqu’à son départ pour Grenoble. Outre Guy COLAS, il y rencontre des entomologistes réputés, spécialistes de diverses familles de coléoptères comme Georges PECOUD (Carabidae et Scarabaeidae), SAINT-ALBIN (Histeridae), André VILLIERS (Cerambycidae), Gaston RUTER (Cetoniidae), Jean JARRIGE (Staphylinidae), René JEANNEL (Carabidae), Franklin PIERRE (Tenebrionidae) et bien d’autres qui, tous, prennent à cœur la formation des jeunes, et surtout Arthur Khndzorian IABLOKOFF, Jean MOUCHET et René de BOUBERS, tous trois spécialistes des Elateridae, qui auront une influence décisive sur sa spécialisation. .

Il fait aussi connaissance de Jean PERICARD qui, élève d’Alphonse HUSTACHE, se consacre à l’époque aux Curculionidae avant de devenir le grand spécialiste des Hémiptères ; il fera avec lui beaucoup de campagnes de recherche, en particulier en Vésubie, dans le Queyras, en Vallouise, en Chartreuse. Pierre BERGER, invité à une réunion de l’association, devient son ami et ils feront ensemble de nombreuses sorties en forêt de Fontainebleau, en forêt de Sénart, dans le Queyras et le Paneyron.

 

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Des études techniques

 

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Sur le plan scolaire, les choses deviennent sérieuses courant 1946 : le baccalauréat « mathématiques et technique » est créé. Ils sont seize au collège à être sélectionnés, dont ses trois camarades du « camping scientifique » pour préparer ce nouveau diplôme. Ils y sont tous reçus. Il réussit la première partie, la seconde aussi. Alors préparation au concours de l' Ecole des Arts et Métiers. Reçu à l’écrit, recalé à l’oral. Redoublement.

Un professeur lui suggère, à la suite d’un exposé d’entraînement à l’oral assez réussi, de se présenter au concours de l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (E.N.S.E.T.). Il est admis dans la section dessin technique et technologie mécanique. Il réussit ce concours en 1948. En 1950, à vingt ans il est professeur certifié et muté à l’Ecole nationale professionnelle en 1951. Il réussit l’agrégation en 1982.

La spécialisation dans les Elatéridés

Les études, bien sûr, ont été très prenantes et ont demandé beaucoup d’efforts, mais l’entomologie n’a jamais été abandonnée, au moins pendant les vacances ; sa collection s’est enrichie de façon importante. Son premier poste d’enseignant est le collège de Bruay-en-Artois. Mais, dès la deuxième année, il obtient sa mutation à Paris, à l’École nationale professionnelle ; il retrouve le Muséum, le Groupe des Coléoptéristes et il progresse au contact de ses aînés. Il lui vient un jour le désir de se spécialiser et il pense d’abord aux Malacodermes dont personne ne semble s’occuper. Puis Jean MOUCHET, pharmacien à Pigalle, lui suggère les Elatérides dont il a acquis une assez grosse collection et pour lesquels n’existent que des ouvrages anciens, dépassés, non illustrés. Pourquoi pas ? Mais la voie est barrée par le grand spécialiste du moment, Arthur IABLOKOFF, auteur de plusieurs publications et d’une description, celle d’Ampedus fontisbellaquei. Il lui pose la question : « Vas-tu réaliser la faune de France des Elatérides ? ». – « Non, fais-la toi-même ». Sa décision est prise. Il est alors aidé par Jean MOUCHET, qui lui donne la collection FAGNIEZ qu’il a acquise ainsi que de nombreux ouvrages de base, tels que les quatre tomes de CANDEZE, et par René de BOUBERS, grand ami de IABLOKOFF, qui a lui-même recherché, étudié et collectionné les Elatérides et les Eucnémides depuis de nombreuses années. Ce sont alors des week-ends de recherche à Fontainebleau, à Larchant, à Compiègne ou ailleurs dans la banlieue parisienne, mais aussi en montagne à la faveur des vacances d’été.

Liliane, son épouse, accepte ; il lui en est reconnaissant. Mais la vie parisienne devient difficile, surtout pour le logement, et ils décident de s’établir en province.

 

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Betarmon bisbimaculatus, Coléoptère, Elateridae, Jean-Louis OLLAGNON, piège Malaise, 15 au 20/07/2020, La Rivoire, Vif (Isère)

L’arrivée à Grenoble

Voyant avec quelle méticulosité IABLOKOFF note les conditions météorologiques de ses captures, afin d’en comprendre le comportement, il fait une préparation militaire supérieure qui lui permet de choisir son arme et de faire son service militaire en 1952 dans la météorologie, en qualité de sous-lieutenant, afin d’apprendre les éléments de cette science, base de toute étude phénologique de ses insectes préférés. L’étude climatologique de la France, qui fait partie de sa formation de météorologiste, lui permet de choisir la région idéale pour une vie professionnelle jointe à des recherches entomologiques intéressantes : le Sud-Est.

À tout hasard, et sans espoir de réussite, il postule pour l’École Nationale Professionnelle de Voiron. Contre toute attente, il obtient le Collège technique de Grenoble. À lui la Chartreuse, le Vercors, Belledonne et le reste ! Sur le plan professionnel, il participe à la création d’une section Brevet de Technicien Supérieur en Bureau d’Etudes, ce qu’il a déjà fait à Paris et ce qui lui permettra d’être nommé à l’Institut Universitaire de Technologie de Grenoble, lorsqu’il sera créé en 1966. Vie professionnelle passionnante, entomologie passionnante. Il s’inscrit à la société naturaliste locale, le Bio-Club, ce qui lui fera découvrir les « bons coins » de la région. Il y rencontre un homme charmant et compétent en lépidoptères, M. Jean GOBERT, Conservateur des Eaux et Forêts. Il fréquente assidûment le Muséum d’Histoire Naturelle de Grenoble.

La rédaction de l’ouvrage sur les Elatéridés

René de BOUBERS, le grand ami initiateur, est décédé. Quelques années après, Françoise, sa fille, lui fait cadeau de sa collection, précieux outil de travail contenant en particulier beaucoup d’espèces pyrénéennes qu’il n’est jamais allé chercher. Il fait la connaissance de Jean-Louis NICOLAS, médecin à l’E.D.F. de Grenoble, qui vient tous les lundis soir travailler avec lui et l’aide beaucoup, par ses compétences et sa rigueur scientifique, pour la rédaction de sa faune de France. En tout, quinze ans de travail sur cette famille de coléoptères réputée difficile, et publication, en février 1972, comme supplément au Bulletin de la Société linnéenne de Lyon, de son ouvrage sur les Coléoptères Elateridae de la faune de France continentale et de Corse (381 pages, 384 figures). Liliane, son épouse, en a dactylographié la plus grande partie sur une vieille machine à écrire mécanique.

Ce travail, qu’il a fait « pour le plaisir », il le présente amicalement à François VAILLANT, professeur à l’Université de Grenoble et directeur du laboratoire de Zoologie. « Pourquoi ne le présenteriez-vous pas comme thèse d’Etat ? ». Coup de tonnerre vraiment inattendu ! Ce serait très drôle d’être professeur d’enseignement technique (bureau d’étude et technologie) et docteur d’Etat en zoologie. Pourquoi pas ? Le Conseil d’Université lui accorde le droit de soutenir une thèse à la condition de posséder deux certificats de spécialité : écologie et zoologie. Il les réussit tous les deux. Il n’y a plus qu’à préparer la soutenance. Mais le directeur de l’I.U.T. lui propose de devenir Chef du département de Génie Mécanique dont il est déjà directeur des études. Il accepte, mais la charge de travail est trop lourde, ce qui l’amène à renoncer à sa soutenance de thèse.

En 1975, il est fait Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques, puis il est promu Officier en 1980 et Commandeur en 1988. Le temps passe, il continue à travailler malgré fatigue et problèmes de santé. Il a l’occasion d’identifier et de décrire des espèces nouvelles pour la faune de France. Il participe au Catalogue des Coléoptères de France, mise à jour de Jean SAINTE-CLAIRE-DEVILLE sous la direction de Marc TRONQUET. En 2016, quarante-et-une espèces sont à ajouter à la faune de France des Elateridae de 1972 et une mise à jour presque achevée devait être publiée.

L’atlas des Elatérides de la région Rhône-Alpes, écrit avec Jean-Louis OLLAGNON et Cedric AUDIBERT, est paru en 2015 et couronné par le prix GADEAU de KERVILLE décerné par la Société Entomologique de France. Il s’intéresse aussi, depuis quelques années, aux Eucnemidae et aux Throscidae dont il est devenu « le » spécialiste européen ; la faune de France de ces deux familles est bien avancée et il espérait la publier avant la grande échéance de sa vie.

 

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Lucien LESEIGNEUR et le Club Entomologique Dauphinois ROSALIA

Lucien LESEIGNEUR était Président d'Honneur du Club Entomologique Dauphinois ROSALIA.

En 1974, il est un des membres fondateurs du Club et le crée avec 8 autres membres. Nous pouvons également citer comme membre fondatrice Pierrette CERLINI, qui vient de disparaitre en cette fin 2020.

Lucien était l'acteur principal de l'association.

Depuis 1988, il participait activement à l'organisation et l'animation de la Réunion annuelle des Entomologistes Rhône-Alpins (RERA) coréalisée entre ROSALIA, la Société linnéenne de Lyon, la Société d'Histoire Naturelle Loire-Forez de St-Etienne, puis La Société Entomologique de Genève.

Lucien mit en place les études entomologiques de sites et d'espaces naturels en liaison avec les Parcs du Vercors et de la Chartreuse, le Département, les communes et les associations naturalistes. Il assurait la coordination des actions terrain, le suivi des déterminations et surtout les rapports et propositions de gestion.

En 1994, après la réunion décentralisée de la Société Entomologique de France organisée grâce à lui à Grenoble et la création de l'Union de l'Entomologie Française, il devint le représentant de ROSALIA au sein de l'Union en tant que trésorier.

1995 vit l'ouverture de la salle permanente du Muséum d'Histoire Naturelle de Grenoble dite du "Carnaval des insectes" dont il fut le principal artisan.

En 2009, il créa avec Rémi JULLIARD les cours d'initiation à l'entomologie qu'ils assuraient régulièrement à l'Université Inter-Age du Dauphiné (U.I.A.D.).

Un excellent pédagogue

 

 

Lucien était un excellent pédagogue. Il a su former les jeunes et les moins jeunes membres de ROSALIA à l'entomologie avec patience et détermination. Lors des expositions auxquelles nous participions, notamment NATURISSIMA, il expliquait avec passion le monde fascinant des insectes et répondait aux questions des visiteurs.

Lucien a réalisé au fil des années une cinquantaine de boites pédagogiques sur différents thèmes : les familles d'insectes, les araignées et scorpions (boite qui a toujours un énorme succès), le mimétisme, les couleurs des insectes, les insectes de montagne, sur les espèces invasives dont la dernière création, en 2015, sur la Pyrale du Buis, ravageuse qui s'attaque aux feuilles et détruit les arbres.

Il n'a jamais accepté la présidence du club ROSALIA, laissant aux différentes personnalités de l'entomologie la possibilité de s'exprimer.

Homo entomologicus ssp. elateriformis

Laissons les derniers mots et leurs notes d’humour à Lucien LESEIGNEUR. Paroles prononcées le 20 septembre 2014 lors de l’anniversaire des 40 ans du Club ROSALIA : « 80 ans d’entomologie (mon premier Machaon à 5 ans), dont 60 à fréquenter les taupins, m’ont amené à un certain mimétisme avec ces derniers : longiligne, des pattes filiformes, surtout les tibias, des tarses très allongés de 43-44 ; et bientôt avec deux cannes, je serai hexapode. De plus en plus, je ressemble à un Athous. Ma femelle vous a d’ailleurs indiqué que je suis désormais pourvu d’une faculté saltatoire. L’édéage, par contre, ne comporte pas encore de paramères. Mais, contrairement aux Athous et comme certains Brachygonus, je suis polyphage comme vous avez pu le constater à l’occasion de ce sympathique repas. En somme, je suis le type – l’Holotype comme il faut dire maintenant – d’une sous-espèce nouvelle de l’Homo entomologicus ; nous dirons Homo entomologicus ssp. elateriformis. Reste à me décrire, ce que pourrait faire l’un d’entre vous (Jean-Louis ?) et à me conserver pour la postérité. Cela pourra se faire, par analogie précisément avec les Brachygonus, dans une cavité creusée dans un bon terreau. Mais je ne suis pas pressé, j’ai besoin d’une vingtaine d’années encore pour en finir avec ces sacrés taupins ce qui me permettra de participer, avec un grand plaisir, aux cinquante ans puis aux soixante ans de ROSALIA. "

Lucien ne participera pas à l’anniversaire de nos 50 ans. Il est décédé le 9 août 2016. Mais son souvenir est vivace et Lucien accompagnera toujours les membres du Club ROSALIA.

 

 

Lucien leseigneur 40 ans

Documents complémentaires

Bibliographie des publications de Lucien LESEIGNEUR : Publications ll au 02 2017Publications ll au 02 2017 (73.5 Ko)

Taxons décrits par Lucien LESEIGNEUR Taxons decrits par lucien leseigneur 1Taxons decrits par lucien leseigneur 1 (18 Ko)

Taxons dédiés à Lucien LESEIGNEUR Taxons dedies lucien leseigneur cedr 2020Taxons dedies lucien leseigneur cedr 2020 (13.78 Ko)

Article journal Le Monde du 13 novembre 1987 L leseigneur article du journal le monde 13 novembre 1987 002L leseigneur article du journal le monde 13 novembre 1987 002 (93.46 Ko)

Article Dauphiné Libéré. Photos : Lucien LESEIGNEUR et Amand FAYARD, à droite Jacques DALMON L leseigneur et armand fayard a droite jacques dalmon le dau 002L leseigneur et armand fayard a droite jacques dalmon le dau 002 (84.41 Ko)

Article Lucien LESEIGNEUR et Pierre BERGER, avril-mai 2016. Bulletin Ville de MeylanL leseigneur et pierre berger bulletin ville de meylan avril mai 2016 002L leseigneur et pierre berger bulletin ville de meylan avril mai 2016 002 (48.83 Ko)

Article Lucien LESEIGNEUR Les Affiches de Grenoble avril 2010  L leseigneur les affiches de grenoble avril 2010 002L leseigneur les affiches de grenoble avril 2010 002 (60.15 Ko)

Date de dernière mise à jour : 07/02/2021

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